Ces deux dernières semaines ont eut lieu des AG de toutes les AMAP que nous fournissons en légumes.
C’est un moment très important pour discuter avec les AMAPiens, connaître leurs ressentis, leurs attentes, et leur partager notre année.
Nous présentons un bilan de l’année avec un bon vieux powerpoint 😀 et au fil des diapos on discute. C’est toujours très enrichissant.
Voici notre présentation (cliquez sur l’image pour accéder au document)
Anne-Laure, référente à l’AMAP de la Madeleine a fait un super compte-rendu qu’elle nous a autorisé à diffuser.
Il est très intéressant car au fil de la lecture, on comprend le fonctionnement d’une AMAP et l’intérêt de ce mode de vente. Je vous invite à le lire si vous souhaitez en savoir plus sur ce système.
Compte rendu AG du 21 novembre 2019
La réunion débute à 19 heures 10.
Il y a 2 excusés.
Environ 21 amapien-ne-s (représentants 15 foyers) sont présents ainsi que Delphine, Fred, Aline et Jo pour la ferme du hanneton.
La référente Anne-Laure Clopeau se propose comme secrétaire de séance.
1/ Bilan annuel de la ferme du hanneton
La présentation débute par un rappel en images du contenu des paniers sur les 4 saisons.
Delphine explique que l’année 2019 a encore été marquée par des évènements météorologiques hors normes avec deux épisodes de canicule sur les périodes de semis et de croissance des légumes.
Les carottes, par exemple, ont subi un défaut de levée, heureusement compensé par une bonne croissance.
Le rendement des tomates a été également impacté avec un arrêt de développement suivi d’une accélération de croissance synchronisée posant des problèmes de répartition des tomates dans le temps. Ces conditions météorologiques ont été catastrophiques pour les poivrons malgré le blanchiment des serres, procédé pourtant efficace limitant la surchauffe.
Les gelées tardives de mai ont pénalisé les cultures de pommes de terre et de patates douces.
Sur 14 légumes d’été recensés, 7 ont subi une perte de rendements dépassant 20 % par rapport à 2018. Trois espèces ont été favorisées dont les oignons et les échalotes.
Fred rappelle que sur leurs dix ans de maraîchage, 4 années ont été «exceptionnelles» : 2012 avec un printemps froid et pluvieux, 2016 avec un printemps froid et pluvieux suivi d’un été très chaud, 2018 avec une canicule et une inondation début juin, 2019 avec 2 épisodes de canicule et des gelées tardives. La fréquence récente de ces observations ont de quoi inquiéter et trouvent certainement une origine dans le dérèglement climatique global.
Cette année, 3 stages longs ont été accueillis sur la ferme pour un bilan parfois mitigé. Si cela permet un apport de main-d’œuvre, le travail n’est pas toujours efficace et un temps conséquent doit être consacré pour former ces personnes.
Contrairement à 2018, une saisonnière appréciée (Suzanne) est venue prêter main forte durant les congés d’été d’Aline et à d’autres reprises pour diminuer la charge de travail de Delphine et lui permettre de ménager son dos.
Comme annoncé, Delphine a décidé d’arrêter ce métier à cause de problèmes de santé. Aline et Jo vont reprendre l’exploitation. Jo est en cours de formation et fait un stage de parrainage depuis septembre à la ferme.
En concertation avec Aline et Jo qui souhaitaient augmenter leurs futurs débouchés, une livraison a été ajoutée à la toute nouvelle AMAP du village de Surfonds. Malgré cet apport de nouveaux contrats, le nombre total de paniers sur l’année et le chiffre d’affaires restent à peu près constants.
Delphine détaille ensuite le principe de calcul du prix de revient des légumes tenant compte des coûts respectifs du travail (base de 20€/heure), des semences, et, au prorata de la surface, des coûts des intrants (fumiers, engrais, voile de forçage, produits de traitement autorisés…) et coûts de structure (énergie, assurances, carburants…).
Les variables par rapport aux années précédentes sont expliquées :
– diminution des charges car il n’y a pas de renouvellement des stock du fait de la cessation d’activité ;
– un peu plus de dépenses en carburant en raison de la livraison supplémentaire sur l’AMAP de Surfonds ; – augmentation de la facture d’électricité liée au fonctionnement de la pompe à eau pour irriguer et probablement d’une surconsommation par inadvertance ;
– plus de 100€ de charge supplémentaire en eau (quota dépassé) ;
A noté, que suite au nouveau dossier déposé pour obtenir l’autorisation de forage par Aline et Jo, le volume de prélèvement maximum pourrait atteindre 7 000m3 (contre 6 000 actuellement).
Delphine présente ensuite le tableau comparatif des prix de revient et du prix de vente de chaque légume sur 2019. Sur 14 légumes recensés, 8 sont vendus à perte avec parfois un grand différentiel. Les autres sont faiblement bénéficiaires. Ce constat se répète année après année.
La conséquence directe est que les rémunérations de nos maraîchers sont très mauvaises en particulier pour Delphine (4€39 de l’heure) et Fred (3€48 de l’heure) sachant que la salariée et la saisonnière sont payées respectivement 11€50 et 10€50 et que le SMIC est à 10€03.
C’est l’occasion de rappeler que les échanges des années précédentes sur cette question ont conduit à 2 initiatives pour revaloriser les bénéfices de la ferme :
– une tirelire-coccinelle est mise à disposition pour participation libre aux légumes mis à disposition gratuitement ;
– certains amapien-ne-s volontaires (8 pour l’instant) versent une somme supérieure chaque mois (pour rappel, une augmentation estimée à 30 % permet de rétablir une reconnaissance digne du travail). Selon les foyers, ces versement bonus peuvent atteindre plus de 100 euros sur l’année (c’est-à-dire moins de 10 euros par mois), parfois beaucoup moins mais l’ensemble est significatif pour la ferme.
Pour les autres amapien-ne-s, le tableau bilan entre les prix des paniers reçus et les sommes versées sur le contrat 2019 donne un reliquat d’environ 5€ pour les petits paniers et de 15€ pour les gros.
Les présents sont d’accord pour s’acquitter de ces sommes et ne demandent pas de modification du contenu du panier de la dernière distribution qui était l’autre alternative étudiée. Pour rappel, un double panier sera livré le jeudi 19 décembre (pas de distribution le 26 décembre).
La présence des amapien-ne-s y est obligatoire pour clôturer les contrats 2019, d’autant plus qu’aucun virement ne pourra être fait car le compte actuel de la ferme sera fermé fin 2019.
Avant de transmettre la parole à Jo, Delphine et Fred nous remercie de notre soutien pendant ces 10 ans de maraîchage selon leur mots «sympas mais durs». Ils souhaitent à leurs successeurs que leur «aventure» soit plus sympa que dure. Aline renchérit en disant qu’elle espère en effet ne pas avoir le dos cassé dans 10 ans d’autant plus qu’elle a déjà une décennie de travail derrière elle. Delphine et Fred vont s’installer à Changé – sans mauvais jeu de mots – où ils ont trouvé leur prochaine maison.
Les amapien-ne-s, à leur tour, remercient Delphine et Fred de leur implication pour les nourrir avec des légumes de qualité et font part de leurs retours d’expérience : «je suis devenu plus difficile», «j’ai fait de grandes découvertes».
Ces échanges nous semblent témoigner de l’esprit «AMAP» : chaque partenaire se préoccupe de l’autre, le lien entre les producteurs et les consommateurs n’est pas fictif, l’objectif de maintenir l’agriculture locale et paysanne a été concrétisée sur 10 ans et va se poursuivre.
2/ Changements pour 2020
La transition est toute trouvée pour Jo et Aline qui nous confient avoir monté leur projet de reprise de la ferme sans aucun apport. En dépit de cette situation, ils ont obtenu facilement la confiance des banques qui leurs ont accordé leur financement sans difficulté grâce au choix de distribution en AMAP, ces consommateurs fidélisés offrant les garanties requises de revenus.
Un amapien (Bernard) évoque alors la possibilité d’avoir recours à des financements directs de la part des amapien-ne-s et d’éviter ainsi les prêts coûteux et inutiles auprès des partenaires financiers classiques. Pour l’heure, Jo signale qu’aucun investissement lourd n’a été planifié sur les 4 prochaines années. En cas d’imprévu, savoir qu’un système de financement solidaire est envisageable est donc rassurant pour nos futurs maraîchers. Anne-Laure témoigne d’un exemple dans son ancienne AMAP avec remboursement en nature.
En attendant, le projet d’achat de la ferme est validé : la date de reprise est fixée au 1er janvier et Jo et Aline sont d’ores et déjà assurés du droit de vente pour début 2020. Les contrats 2020 peuvent donc être souscrits sans problème après modification des noms du maraîchers et des coordonnées bancaires. Pour faciliter les démarches administratives, Aline, comme Delphine en 2019, demande à ce que le mois de Janvier soit payé par chèque, avec un début des virement en février pour ceux qui le souhaitent.
Cette précaution est d’autant plus importante que quelques incertitudes demeurent pour le début d’année 2020.
Jo et Aline attendent, en effet, une réponse définitive, suite à la démarche d’installation aidée qu’ils ont effectuée donnant droit à une prime de 26 500€ versée pour 80 % au début et pour 20 % dans 4 ans, à la condition que l’entreprise dégage les bénéfices pour assurer 2 rémunérations au SMIC.
D’un commun accord avec les amapien-ne-s, Aline propose un double panier au 9 janvier (pour compenser l’absence de distribution du 2 janvier, très proche des fêtes) en espérant qu’aucun délai supplémentaire ne sera nécessaire.
Si un retard des distributions devait être pris, un rattrapage sur les paniers suivants serait organisé.
Pour le reste, l’ambition affichée par Aline et Jo est de faire aussi bien que leurs prédécesseurs sans bouleversements notables.
Le principe des distributions de masse, pour les courges et les oignons, par exemple, est de nouveau acté bien que certain-e-s demandent que les dates des vacances scolaires soient éviter pour ces distributions «spéciales». Cette demande est malheureusement difficilement compatible avec la disponibilité de la main d’œuvre (étudiants en saisonniers) nécessaire pour les chantiers de préparation correspondants.
Jo nous fait part aussi de son souhait d’explorer de nouvelles choses et nous encourage à faire des suggestions : champignons ? Pourquoi pas, mais pas dans l’immédiat, les innovations attendront que l’année 2020 à valeur de test soit passée. Cette prudence paraît bien compréhensible aux amapien-ne-s présent-e-s qui sont conscient-e-s du défi qui attendent Aline et Jo, qui s’installent en co-exploitation.
Si c’est possible, ils s’offriront les services d’un saisonnier ponctuellement.
Quoiqu’il en soit, un accroissement de la production doit être réalisé et donc une augmentation du nombre de paniers distribués.
Après échange, une augmentation des prix des paniers qui est resté stable en 2019, est décidée pour 2020 : les petits paniers passeront à 13€ et les gros à 18€. Ces 0,50€ supplémentaire semble le meilleur compromis entre le besoin moral de rétribuer le travail de nos maraîchers et la réalité économique des foyers susceptibles de devenir adhérents.
3/ Bilan de fonctionnement de l’AMAP
L’AMAP de la Madeleine compte 30 paniers : ce nombre est resté stable sur 2019.
Toutefois, suite au sondage pour 2020, deux amapien-ne-s ont annoncé qu’ils ne renouvelleraient par leur contrat pour un petit panier dont un pour déménagement et un autre petit panier partagé est remis en cause suite au départ d’une des 2 personnes du binôme suite à des changements professionnels. Un recherche de solution est en cours.
Un contact assez sérieux a été pris pour un nouvel abonnement pour un gros panier mais la finalisation du contrat a été retardée plusieurs fois et n’est toujours pas finalisée.
Compte tenu du seuil minimal de paniers fixé par Delphine pour soutenir efficacement l’exploitation et du désir de Jo et Aline d’augmenter leur ressources, la situation de notre AMAP n’est donc pas florissante. La communication autour de notre AMAP est donc crucial.
A ce propos, Anne-Laure fait part d’un retour assez négatif sur la participation à Cours & Jardins, non que l’expérience soit désagréable sur les permanences aux dates de l’évènement mais que l’investissement en temps et en énergie assez lourde pour elle ne se traduit presque jamais par de nouvelles inscriptions. Elle regrette aussi que l’inter-AMAP ne fonctionne pas de manière satisfaisante avec une quasi-absence de représentation, en particulier, des autres AMAP du Mans, qui ne fournissent en conséquence aucune aide logistique à la préparation du stand en amont, de son rangement… Le stand dit «inter-AMAP» est toutefois une jolie vitrine et une belle occasion d’informer le grand public, en cela il mériterait d’être reconduit. Toutefois, force est de constater que le mode de communication donnant les meilleures résultats sont les traditionnels boitages de flyers : une opération de ce type sur le quartier pourrait à nouveau être organisée en 2020.
Même si quelques réserves peuvent être émises sur certain-es amapien-ne-s qui conservent un état d’esprit assez consommateurs/consommatrices et non participatif, la majorité partage «l’éthique» de fonctionnement de l’AMAP dont le nombre de participant-e-s est un indicateur.
Pour 2020, un partenariat avec un producteur de pommes va être étudié sachant qu’une jeune amapienne s’est proposée pour prendre la référence de ce nouveau produit potentiel pour lequel il y a une forte demande. Cette nouvelle volontaire en la personne de Maud-Agathe Illand Martin est chaleureusement remerciée de même que tout ceux et celles remplissant déjà le rôle d’interlocuteurs privilégiés avec un producteur ou productrice.
4/ Questions diverses : aucune.
L’ordre du jour étant épuisé, la séance est levée à 20h10.