La chaleur

Ca fait plusieurs semaines que je veux faire un article pour expliquer les conséquences d’une chaleur si précoce et si intense sur le travail et les cultures (article un peu prétentieux après à peine un an de recul en tant qu’exploitante).

Bon, au quotidien d’abord, c’est comme pour tout le monde, c’est pas forcément facile à supporter surtout quand on a pas eu de période d’adaptation. Peut-être est-ce plus difficile à supporter quand on travaille dehors, mais je n’en suis pas sûre. J’ai de la chance d’aimer la chaleur, mais Fred a un peu plus de mal. Heureusement, notre baraque reste fraîche et ça permet de faire des pauses et de remettre son corps à une température décente. Par contre, impossible de bosser sous serre l’après-midi depuis près de deux mois.

Pour ce qui est de la production… Avec le recul (plus d’1 mois et demi que ça dure, et autant de temps que je dois publier cet article et donc que je réfléchis de temps en temps dessus) on sait que les productions d’été ont grosso moddo deux semaines d’avance. C’est très bien à partir de maintenant car cela me permet de fournir déjà des courgettes de plein champs (ça m’arrange grandement car je n’avais pas la place d’en faire sous serre cette année) et de bien beaux et bons concombres. On aura des tomates dans 10-15 jours je pense, et le reste va suivre.

Mais avant cela, les légumes de printemps en ont souffert ! Les légumes « feuillle » sont rapidement montés à graine : si rapidement que j’ai perdu 2 planches de choux chinois (soit environ 350 pièces, soit 4 à 6 semaines de paniers au bas mot), au moins deux séries de salade et les derniers épinards ont eu un très très mauvais rendement. Sous serre, les premières carottes de printemps sont également montées à graine et il m’a manqué 2 semaines de paniers (une centaine de bottes). C’est normal que ces carottes de serres aient un moindre rendement à cause de la montée à graine, mais là, j’ai perdu plus du tiers de ma récolte. Et les radis qui poussent un peu trop vite et deviennent vite trop gros trop mous et trop piquants…

Du coup, il a été encore plus difficile pendant la période normalement creuse (entre hiver et printemps) de remplir les paniers. La variété s’en est ressentie et on a dû compenser par des oeufs et des fraises (heureusement que Fred a insisté pour faire des fraises). On voit que ce n’est pas parce que tout pousse vite et bien que ça arrive à temps et que ça arrange les affaires.

L’autre problème de taille a été de gérer le travail. Le planning normal, et tel que je l’ai établi pour répartir le travail de semaine en semaine et de mois en mois selon les saisons a été tout bousculé et surtout très accéléré. Eh oui ! On avait encore des légumes de printemps à semer qu’il fallait déjà repiquer puis planter les tomates ! En résumé, les deux semaines d’avance des légumes d’été, on les au eues dès le début et elles se sont téléscopées avec les autres tâches à faire normalement. Eh ben, je peux vous dire que le choc est rude. Et bien entendu, pendant ce temps-là les herbes poussent aussi vite que les tomates, les aubergines ou les patates et ça fait du désherbage en plus. En plus de TOUT le reste…

Les conséquences ne s’arrêtent pas là. On a observé des trucs bizarres : les petits pois sous serre et sensément plus précoces qui se retrouvent bon à récolter après les petits pois de dehors semés plus tard, idem pour les navet sous serre et dehors… Du coup on se retrouve avec tous les petits pois à récolter en même temps et ça c’est des heures de boulot en plus !

On a pas de problème d’eau, puisqu’on peut toujours arroser, mais on doit irriguer tous les jours. On a calculé que ça nous faisait chacun près d’une heure de boulot à ouvrir et fermer des vannes, vérifier que chaque arrosage se passait correctement, réparer et déboucher ce qui, inévitablement et assez régulièrement, le nécessitait.

Bon, maintenant, on a passé le gros de la cadence infernale et ça va mieux là, mais on a frôlé l’épuisement total. On arrive aux légumes d’été et tout semble tout d’un coup merveilleux et plein de promesses mais il ne faut pas oublier que même ces légumes peuvent pâtir de la chaleur : mauvaise pollinisation, enroulement des feuilles donc mauvais photosynthèse, croissance stoppée… On peut gérer le climat dans les serres, notamment en arrosant pour faire baisser la température, ou encore en blanchissant les bâches de serre, mais cela reste limité et dehors, on ne peut pas grand chose.

Il faudra faire un bilan à la fin de l’été en en attendant, espérer qu’il pleuve et que ça ne se transforme pas en canicule.

Cet article a 4 commentaires

  1. Florence

    Bravo pour votre courage et votre travail
    L’exploitation est magnifique malgré tous ces aléas.
    Et cette tomate…vivement que ces copines arrivent dans nos assiettes…

  2. Mousty

    Les nuages de pluie et l’air frais sont enfin arrivés ici depuis le week-end, j’espère que chez vous aussi.

  3. Delphine

    oui ici aussi. il n’a pas beaucoup plu mais il fait moins chaud.

  4. Delphine

    Ah ah, le dernier paragraphe de cet article me fait bien rire, quand on sait le temps pourri qu’on a eu en juillet et août…

Laisser un commentaire

trois × trois =